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L’enfant-tyran :
Putsch contre l’autorité parentale

dimanche, 9. juillet 2017 18:02

L’enfant, ce petit être qui prend très vite une place énorme, jusqu’à chambouler complètement la vie de ses parents. Et lorsque par excès d’amour, de bienveillance, par revanche ou culpabilité, le(s) parent(s) se laisse(nt) dépasser par cette présence en donnant tout à l’enfant, ce dernier effectue un putsch sur l’autorité et devient roi, voire tyran. Ce transfert d’autorité s’est généralisé depuis quelques années, dans les familles, mais aussi à l’école.

Quels comportements entraînent ce glissement d’autorité? Et surtout, comment le corriger afin de redonner à chacun sa place au sein de la cellule familiale, dans la société en général et élever des adultes équilibrés?

Qui sont ces petits monstres?

A la maison, ils font la loi, que ce soit pour leurs activités ou celles de toute la famille. A l’école, qu’ils trouvent “nulle”, ils peuvent poser des problèmes et contestent les activités organisées. Ils manipulent leur entourage, excellent dans l’art de la manoeuvre, profèrent des menaces, ils culpabilisent leurs parents et sèment la zizanie entre eux. Or, pour beaucoup, même si leur enfant est omnipotent, le comportement de celui-ci est perçu comme étant normal. L’enfant-roi peut devenir un enfant-tyran, lorsqu’en plus du chantage et des menaces, l’enfant fait également preuve de violence verbale et physique envers ses parents et son entourage.

Souvent, les parents n’ont pas vraiment conscience de cette situation car elle s’est installée progressivement et que certains comportements sont banalisés de nos jours. C’est lorsqu’un événement grave survient (échec scolaire, fugue, délinquance, agression etc.) que la prise de conscience s’opère. Les parents peuvent identifier le glissement d’autorité en observant leur enfant sans chercher d’explication “psychologique” (“il a du caractère”, “il est trop intelligent“), non seulement pour s’assurer qu’il va bien pour lui-même, mais aussi pour s’assurer d’une relation équilibrée aux autres.

Impuissants, ces parents d’enfants certes souvent plus intelligents que la moyenne (sans pour autant être « surdoués », bien qu’ils s’accrochent à cette explication), ne réalisent pas que ces comportements sont en fait l’expression d’une souffrance.

Pourquoi les parents perdent-ils leur autorité?

Notre société tendrait à produire de plus en plus d’enfants-roi. Cela est souvent dû à la manière dont la parentalité est vécue et perçue de nos jours. En effet, dans une société d’hyper consommation, de quête de confort et d’hédonisme absolus, d’éviction de la frustration à titre individuel, les parents ne veulent pas en plus être frustrés par l’éducation de leur progéniture.

Autre écueil, la volonté de compensation et de protection des parents qui, enfants, ont eux-mêmes souffert du manque (affectif, matériel etc.) et qui ne veulent pas que leurs enfants en souffrent à leur tour va contribuer au règne de l’enfant-roi ou tyran. Les enfants uniques sont aussi potentiellement plus enclins à développer ce type de comportement car ils ne sont pas frustrés par la présence d’une fratrie. Souvent, ce sont des parents qui ont été livrés à eux-mêmes, qui ne comprennent pas que leurs enfants ne s’éduquent pas tout seuls.

Petit tyran deviendra grand

A l’âge adulte, les enfants-rois ou tyrans développent généralement une personnalité totalement égocentrique. Tout tourne autour de leurs désirs et volontés : c’est “je fais ce que je veux, quand je veux” au détriment des autres et du reste de l’univers. Ils deviennent des adultes hypersensibles à la réalité de leur monde, personnel ou professionnel, qui supportent difficilement les contrariétés et les frustrations. Ils semblent percevoir tout (et parfois tout le monde), dans leur environnement, comme une source de désagrément car ils ont été habitué dans leur enfance à tout obtenir, immédiatement.

Le Dr Didier Pleux, docteur en psychologie du développement et clinicien spécialiste de la psychothérapie cognitivo-comportementale s’est penché sur cette problématique depuis plusieurs années. Il explique l’omnipotence de l’enfant tyran par une volonté de ce dernier de se protéger de toute forme de frustration. Malheureusement, sa quête l’amène bien souvent à la violence et la destruction. De plus, l’omnipotence ne permet pas d’intégrer les contraintes et prépare sans doute à de plus grandes souffrances au fur et à mesure qu’il devra se confronter au monde.

Ces adultes-tyrans cumulent au quotidien les incivilités, la violence psychologique, la manipulation au nom de leur propre plaisir, ils ne veulent généralement pas grandir. Ils ont soif de pouvoir dans leurs sphères et le prennent de force, exactement comme dans leur enfance. Cela représente chez eux un principe de plaisir, qui n’est pas un principe de réalité. Et ce plaisir ne rime pourtant pas avec bonheur…

Un enfant heureux est un enfant frustré

Si vous voulez que vos enfants soient heureux, frustrez-les. Ne cherchez pas à anticiper leurs besoins, laissez-vos enfants les exprimer. Car si vous leur donnez tout avant qu’ils n’aient envie de quoi que ce soit, ils ne ressentiront plus d’envie. Cela peut paraître aberrant pour un parent qui ne souhaite que le bien et le bonheur de son enfant. Et pourtant, pour développer une personnalité équilibrée, un enfant a besoin d’autorité, autant que d’amour, de stimulation, d’accompagnement, de protection. Le Dr Pleux parle de la “bonne autorité” qui réhabilite le parent dans sa mission d’exigence, de frustration, de contrôle et de sanction, tout en tenant compte de la psychologie de l’enfant et du principe de réalité. Car si la frustration sans amour engendre la castration et la névrose, l’amour sans frustration, amène à la tyrannie et au malheur grandissant en se heurtant à la réalité du monde.

Alors faut-il consulter si l’on croît que l’enfant présente ces troubles ? Selon le Dr Pleux, il est possible, à un stade précoce, de réajuster l’autorité et la rétablir par des mesures éducatives progressives et simples, sur le modèle de la sanction (positive ou négative). Il suffit d’impliquer l’enfant, d’exiger de lui une participation (débarrasser, ranger), de résister à l’envie d’anticiper ses besoins ou envies (manger le même repas, limiter les cadeaux etc) par exemple. Si vous vous sentez dépassé-e-s, il faut effectivement faire appel à un thérapeute pour vous accompagner, enfant(s) et parent(s).

 

 

 

 

Catégorie: Autres pathologies, Éducation & Parentalité, Hors catégorie, Perception et réalité | Commentaires (0) | Autor:

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