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Syndrome de Stockholm et dissonance cognitive: la culpabilité inversée

mercredi, 10. juillet 2019 9:09

Le syndrome de Stockholm décrit toute situation dans laquelle la victime tisse paradoxalement une relation positive avec son oppresseur. Lorsque des individus souffrent du syndrome de Stockholm, ils sont souvent considérés comme étant complices de l’abus qu’ils ont subi. Cependant, pour comprendre comment le lien traumatique se produit, il est particulièrement important de comprendre ce qui est impliqué dans le processus de prise de décision et de résolution de problèmes de la victime. Cette théorie est connue sous le nom de dissonance cognitive.

Si les thérapeutes doivent comprendre le comportement des victimes d’abus narcissique, il est crucial qu’ils saisissent les raisons pour lesquelles la victime combine les deux conditions malsaines du syndrome de Stockholm et de la dissonance cognitive dans le cadre de sa stratégie de survie. Lorsque ces deux stratégies sont en place, la victime croit fermement que leur relation est non seulement acceptable, mais aussi vitale pour sa survie. Elle devient si enchevêtrée dans la relation avec l’agresseur, qu’elle sent que son monde (mental et émotionnel) s’effondrerait si la relation se terminait. Ceci explique pourquoi les victimes craignent les personnes qui tentent de les sauver de leur agresseur, victimes de dissonance cognitive et devenant protectrices de leur agresseur.

Qu’est-ce que la dissonance cognitive?

La dissonance cognitive a été formulée par Leon Festinger en 1957 dans une théorie qui a changé la façon dont la psychologie sociale devait considérer la prise de décision et le comportement humain. Ce concept décrit la tension inconfortable qui résulte du fait d’avoir deux pensées contradictoires en même temps, ou de s’engager dans un comportement qui est en conflit avec ses croyances. Par nature, l’être humain n’aime pas l’inconfort des pensées contradictoires. Cette théorie propose donc que face à cet inconfort, les individus trouvent un élan de motivation qui leur permette de rationaliser et de changer leurs attitudes, croyances, valeurs et actions, afin de réduire ou de dissoudre la dissonance qu’ils éprouvent. Lorsqu’il s’agit de victimes d’abus, plusieurs comportements peuvent être alors adoptés pour réduire la dissonance cognitive. Dans un premier temps, elles peuvent essayer de l’ignorer ou de l’éliminer, voire essayer de modifier son importance, elles peuvent même créer de nouvelles cognitions, mais en réalité, elles essaieront d’empêcher cela de se produire en premier lieu.

Le rôle joué par la dissonance cognitive chez les victimes d’abus narcissique

Les victimes vivant dans un foyer où sévissent des abus narcissiques vivent dans une zone de guerre tortueuse où toutes les formes de pouvoir et de contrôle sont utilisées contre elles (intimidation, violence psychologique, physique et mentale, isolement, abus économique, abus sexuel, coercition, etc. ). La menace d’abus est toujours présente, et elle devient généralement plus violente et fréquente au fil du temps. L’environnement narcissique contrôlant met la victime dans une situation de dépendance, d’extrême d’impuissance qui la jette dans la panique et le chaos. Le narcissique crée une forme perverse de relation dans laquelle la victime n’a aucune idée de ce qui va se passer ensuite (alternant entre des actes de gentillesse ou de rage agressive). Cette situation tortueuse prolongée est susceptible de déclencher de vieux scripts négatifs des relations d’objet internes de l’enfance de la victime (attachement, séparation et individuation). Pour survivre au conflit interne, la victime devra faire appel à toutes ses ressources internes et à toutes ses stratégies de défense pour gérer ses angoisses les plus primitives de persécution et d’anéantissement. Pour survivre, la victime doit trouver des moyens de réduire sa dissonance cognitive. Les stratégies qu’elle utilise peuvent inclure:
– la justification des abus, en se mentant si besoin est,
– la régression dans des modèles infantiles,
– la création d’un lien à leur ravisseur narcissique.

La plupart des mécanismes de défense sont assez inconscients, de sorte que la victime ne sait pas les utiliser dans l’instant : tout ce qu’elle veut, c’est survivre à la folie dans laquelle elle se trouve.

Bien évidemment, ces états d’esprit plongent la victime dans un certain nombre de conflits internes où des mécanismes de défense sont nécessaires. Par exemple, une femme abusée par son conjoint narcissique détestera les conditions dans lesquelles elle vit. Cependant, avec la crainte réelle de représailles violentes de la part de son conjoint si elle essayait de fuir, elle choisira probablement de rester sur place. La dissonance cognitive va chercher une issue par la rationalisation: d’un côté, elle ne supporte pas la relation malsaine et les maltraitances subies,  mais de l’autre, elle se dit qu’il n’est maltraitant avec elle que parce qu’il l’aime et se soucie d’elle. Ce dialogue intérieur a réduit son anxiété, lui permettant de se lier (syndrome de Stockholm) avec son agresseur, au point qu’elle le protégera même du monde extérieur si les gens tentent de la sauver ou l’encouragent à partir.

Le résultat est qu’un conflit épuisant massif s’ensuit entre le soi émotionnel de la personne et son auto-raisonnement rationnel. La «dissonance cognitive» est un signe de la dysharmonie que la victime éprouve à la suite de deux idées conflictuelles qui se déroulent en même temps; c’est-à-dire que la victime sait qu’elle devrait sortir de la situation de violence, mais elle sait aussi que cela la mettra en grand danger. Tout en faisant l’expérience de la dissonance cognitive, les victimes peuvent adopter un schéma de déni, de diversion et de défense pour contrôler leur malaise. Dans la théorie de la dissonance cognitive, la décision qui décide du chemin que suivra la victime sera probablement celle qui provoque le moins de stress émotionnel. Afin de réduire la dissonance, la victime choisira le chemin de la moindre résistance, et sa motivation va soutenir ses convictions et justifier toute décision qui l’aide à rester en sécurité. La dissonance cognitive mène ainsi à une prise de décision irrationnelle alors que la personne lutte pour réconcilier ses deux croyances conflictuelles. De plus, pour soutenir sa décision apparemment irrationnelle de rester dans la relation abusive, la victime l’étaye de lourds investissements qui vont renforcer cette relation. On a identifié 6 types d’investissements que la victime peut mettre en place pour réduire sa dissonance cognitive :

Investissement émotionnel : Incapable de sortir de la relation en raison de la peur de ce qui va lui arriver, la victime décide qu’elle devrait rester et la mener jusqu’au bout. La victime se convainc que «les choses ne sont pas si mauvaises», surtout quand l’agresseur narcissique lui montre des actes de gentillesse. Leur lien traumatique est interprété comme amour. Elle utilise cet amour pour éprouver de la compassion pour son agresseur narcissique; elle peut même trouver des excuses à son agresseur (il a souffert dans son enfance, etc). La victime se persuade qu’en aimant son agresseur le plus possible, elle guérira ses blessures et que tout ira bien. Elle finit même par se blâmer à chaque crise (“J’ai causé la colère, j’aurais dû faire mieux”). Elle va même jusqu’à se convaincre que son agresseur est la victime de la société et doit donc être protégé de tout le monde.

Investissement social : Le plus grand investissement social que fait la victime est la personne la plus proche d’elle, son agresseur narcissique. La supériorité du narcissique exigera que leur relation soit exclusive et primordiale, ce à quoi la victime se conformera. Quand les comportements mondains du narcissique affectent la fierté et la dignité de la victime, celle-ci ressent des sentiments profonds de honte, et elle commence à éviter d’autres embarras sociaux et situations inconfortables, s’aliénant davantage avec son agresseur. Isolée, dépendante et désintéressée, la victime est de plus en plus à la merci du narcissique. Elle est prise dans un cycle avec son agresseur, composé d’épisodes violents, suivis d’une absence de coups, puis de nouveau des tensions, et enfin un autre épisode encore plus violent. La victime perdant tout espoir, elle se contente paradoxalement d’investir sa loyauté dans cette relation.

Investissements familiaux : Si le narcissique est un conjoint, alors le partenaire devra investir lourdement dans son abuseur jusqu’à ce qu’il soit émotionnellement, mentalement, physiquement et spirituellement en faillite. Le narcissique exige une mise en miroir parfaite et un caressage continu, quand il ne l’obtient pas, il se retire (ce qui peut représenter un danger pour la victime). Pas à pas, la proximité supposée est en train de disparaître, et la victime ressent cela comme une grande perte (et une grande peur). Face à cela, le narcissique ressent un sentiment de pouvoir et de contrôle.  Tout cela va susciter de l’anxiété chez le partenaire victime, pas seulement pour sa propre sécurité, mais aussi pour la sécurité des enfants. Tout comme le narcissique est très exigeant de son conjoint en tant que parent, il l’est aussi envers ses enfants. Il voit les enfants comme des extensions de lui-même, les représentant dans tous les aspects. Pour cette raison, il s’attend à ce que ses enfants soient très performants, les meilleurs dans tout ce qu’ils font. Cependant, l’enfant est confronté à un dilemme: si l’enfant arrive en deuxième position dans n’importe quelle situation de compétition, il sera perçu comme étant le «premier perdant» par son parent narcissique, ce qui n’est pas une raison de se réjouir mais plutôt d’avoir honte. En revanche, si l’enfant excelle, il risque de déclencher la jalousie et l’envie du parent narcissique. Quand l’enfant brille, son succès est toujours dû au narcissique lui-même, mais quand l’enfant échoue, le narcissique prend l’échec personnellement (blessure narcissique), et il punit l’enfant, que ce soit par la parole ou par l’action. Vivant avec un parent narcissique, l’enfant a souvent du mal à satisfaire ses propres besoins, ce qui peut lui causer de graves problèmes émotionnels. Parce que le parent narcissique est comme un enfant, il y aura des luttes de pouvoir pour attirer l’attention entre l’enfant et le parent. Toutes ces dynamiques vont mettre à rude épreuve le partenaire du narcissique, qui risque d’être la cible de toute la frustration narcissique et de sa colère. C’est pourquoi, investir tout ce qu’ils ont dans leur partenaire narcissique est le seul moyen que la victime trouve pour préserver sa famille.

Investissement financier : Le narcissique cherche généralement à contrôler les finances de la famille, car l’argent est un substitut de l’amour pour lui. Peu importe qui gagne l’argent dans leur famille, c’est lui qui a le droit de contrôler la façon dont l’argent est dépensé. Souvent, la victime se voit accorder une allocation pour gérer la maison, et l’agresseur surveille de près la façon dont il est dépensé. S’il y a une pénurie d’argent, le narcissique sera avare quand il s’agit de membres de la famille, mais il dépensera ce qu’il faut pour obtenir ce qu’il veut. Dans la mesure du possible, le narcissique crée une situation financière complexe où tout le monde est dépendant de lui, afin de garder le contrôle. Sans moyens financiers et généralement aliénés, de nombreuses victimes ignorent les ressources de soutien auxquelles elles ont droit, elles sont prises au piège de la situation, se retrouvent dans l’attente d’une meilleure situation financière pour faciliter leur sortie et leur détachement. En attendant, elles font ce qu’elles peuvent pour garder leur agresseur heureux.

Investissement dans le mode de vie : Lorsque le narcissique réussit, il utilise un style de vie comme investissement. Parce qu’il doit montrer sa “particularité” au monde, il voudra exhiber tous les signes de richesse et de réussite : la grande maison, la voiture, l’école privée, le commerce, etc. Toutes ces choses doivent contribuer à lui faire récolter éloges et adulation qu’il pense mériter. La victime, qui partage cette sécurité financière, peut craindre de perdre le confort de son train de vie actuel pour elle-même ou pour ses enfants. Elle reste solidaire du narcissique par peur de la pauvreté qui l’attend si elle décide de partir.

Investissement dans l’intimité: Le narcissique se perçoit comme unique et peu commun. Être intime exige que deux personnes opèrent communément avec l’ouverture et la vérité (vrai soi) de sorte qu’elles se rapportent comme des «égaux». Le narcissique opère à partir d’un faux soi, et devenir égal avec n’importe qui ne ferait que nier leur notion d’unicité, de sorte qu’ils l’évitent entièrement. Inconnu à eux-mêmes, les narcissiques sont toujours tenaillés par leurs conflits non résolus avec leurs objets primaires (parents). Comme l’enfant, ils ont toujours les profondes blessures de l’abandon qu’ils ont vécu à l’époque. Effrayés de leurs propres émotions négatives, ils se promettent inconsciemment qu’ils ne se remettront jamais dans cette position et évitent de nouvelles blessures narcissiques en tenant tout le monde à distance, y compris leurs partenaires et leurs enfants. Quand le narcissique a un partenaire, il sépare le sexuel de l’émotionnel et traite son partenaire comme un objet sexuel, et le cycle typique de la frustration-agression est mis en mouvement. Malheureusement, amoureux de leur propre réflexion, ils sont incapables d’aimer quelqu’un d’autre. Dans une telle relation malsaine, la victime subira la destruction de son amour-propre émotionnel et sexuel par le biais de chantage par exemple (menaçant de raconter des détails intimes à leur sujet qui humilieraient et détruiraient leur caractère). Le partenaire se retrouve dans une situation désespérée, brisée, la seule issue étant pour lui de rester.

De manière rationnelle, il est impossible de justifier les raisons pour lesquelles la victime tolère de vivre avec un individu malveillant, hostile, violent. Tout individu équilibré et sain d’esprit ne saurait tolérer l’intolérable violence et la privation de dignité. Mais pour la victime souffrant du Syndrome de Stockholm, cette décision est vitale pour sa survie. Elle pense qu’elle s’effondrerait si elle quittait son bourreau, car elle s’est investi corps et âme dans cette relation. Se trouvant dans une situation aussi intolérable soit-elle, la victime doit calmer la dissonance cognitive qui berce son estime de soi et sa confiance en soi. La victime fait ce choix (même si elle doit se mentir à elle-même), et justifie qu’elle puisse être heureuse de ne pas faire le choix contraire qui la mettrait sûrement en danger. Une fois le choix fait et la dissonance cognitive calmée, la victime dispose de toutes sortes d’outils (mécanismes de défense inconscients) pour renforcer sa décision de rester dans la relation abusive.

NB : A connaître aussi : le GASLIGHTING https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gaslighting

Catégorie: Dépendance, Dépression, Éducation & Parentalité, Guérir, Perception et réalité, Stress | Commentaires (0) | Autor:

Sérotonine et dépression:
Le bonheur est dans la tête

samedi, 20. mai 2017 21:32

La dépression est généralement définie comme une réaction de notre corps et de notre esprit à des événements traumatisants et/ou à une exposition prolongée à un environnement hostile. Ses symptômes, tels que l’anxiété, les insomnies, la prise de poids ou encore une faible résistance au stress s’expliquent également chimiquement, par un déséquilibre dans notre cerveau.

En effet et bien que notre cerveau soit incroyablement complexe, les états dépressifs et la dépression vont souvent de pair avec une carence en sérotonine, surnommée « l’hormone du bonheur ». Si un supplément de sérotonine peut effectivement influer sur notre humeur et notre sentiment de bien-être, il convient de rester vigilant et d’éviter de créer d’autres déséquilibres.

Sérotonine: origine et apports

La sérotonine est une hormone et un neurotransmetteur produite a 95% dans l’intestin. Elle est fabriquée à partir du tryptophane, un acide aminé qui est acheminé au cerveau par le sang. Etant donne que la sérotonine joue un rôle important dans la modification de l’état émotionnel, certaines études ont démontré que d’autres molécules, analogues à la sérotonine, peuvent jouer le meme rôle : ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Ces substances inhibent la recapture de la sérotonine et sont prescrites en cas de symptômes liés à la dépression, aux troubles obsessionnels compulsifs ou encore pour traiter la boulimie.

Les apports peuvent également provenir de notre alimentation. Mais bien que des aliments comme la banane par exemple, contiennent de la sérotonine, ils n’affectent pas directement l’humeur. Cela s’explique par le fait que la sérotonine ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique, comme certains acides aminés, notamment le tryptophane, peuvent le faire.

Or la production de sérotonine dans le cerveau varie directement en fonction du transport du tryptophane dans le cerveau (au travers de la barrière hémato-encéphalique). On observe par exemple que la consommation d’aliments sucrés augmentera indirectement et momentanément les concentrations de tryptophane dans le cerveau, tandis qu’un aliment très protéiné, les diminuera, et a fortiori, fera baisser le niveau de sérotonine.

Tryptophane et sérotonine

L’un des précurseurs directs de la sérotonine est un dérivé de l’acide aminé tryptophane appelé le 5-HTP (5-HydroxyTryptoPhane). De nombreuses études cliniques ont démontré que la prise de 5-HTP avait des effets équivalents voire meilleurs que certains anti-dépresseurs dans le cas du traitement de la dépression.

Une comparaison des résultats de 17 études portant sur près de 600 patients a ainsi montré que le 5-HTP améliore de manière significative ou très significative l’état dépressif de plus de 3 patients sur 5. On a pu également noter que les patients commençaient à ressentir très rapidement les effets (au bout de 3 à 5 jours).

Une étude menée par les Dr Byerley, Judd et Reimherr a aussi comparé l’effet du 5-HTP à celui d’une molécule de la famille du Prozac, la fluvoxamine, sur 63 patients. Les résultats  des deux traitements sont équivalents, avec toutefois moins d’effets secondaires pour le 5-HTP (quelques légers troubles digestifs).

Entrer dans un cercle vertueux

Outre l’alimentation et la supplémentation en 5-HTP, l’humeur agit également sur la sérotonine et réciproquement. En d’autres termes, la concentration de sérotonine influencerait l’humeur et en retour, les pensées, positives ou négatives agissent sur le taux de sérotonine.

C’est pourquoi il est important de briser la dynamique des pensées négatives afin de créer un cercle vertueux et rééquilibrer la chimie du bonheur, ou du moins du bien-être, dans notre cerveau.

L’autosuggestion, la pratique régulière d’une activité physique, l’exposition à la lumière du jour, le fait de rire,  entre autres influent positivement  sur l’humeur et donc… sur votre taux de sérotonine.

Catégorie: Dépression, Guérir, Stress, TCA | Commentaires (0) | Autor:

Les distorsions cognitives

mardi, 19. juillet 2016 12:28

 

Reconnaître les distorsions cognitives

 

Nos pensées sont parfois loin de la réalité et constituent alors une source de certitude facile et rapide. Elles nous maintiennent dans l’illusion que nous maîtrisons notre environnement et que nous avons raison.

Lorsqu’on est en dépression, on broie du noir et notre vision du monde devient très sombre. Nos pensées sont dysfonctionnelles : ce sont des distorsions cognitives.
Ces pensées dysfonctionnelles sont souvent stériles, stéréotypées et automatiques.
Pour les reconnaître, voici la liste des pensées dysfonctionnelles les plus courantes d’après A. Beck & D. Burns :

La pensée dichotomique (principe du “tout ou rien”) 

Cette pensée nous amène à croire que si les choses ne sont pas exactement comme nous le voulons, il s’agit alors d’un échec. On perd totalement la notion de nuance, de relativité.
Exemple : “Si je n’ai pas 20 sur 20 à cet examen, c’est que je suis nul”
Dans ce cas, obtenir 18 sur 20 à cet examen est perçu comme un échec cuisant.

La surgénéralisation

Cette pensée nous amène à définir notre comportement futur sur la base d’un ou de quelques événements négatifs du passé. Nous croyons alors que nous sommes définitivement voué-e à l’échec.
Exemple : “Elle n’a pas voulu sortir avec moi, donc je n’arriverai jamais à sortir avec une fille”
Il existe 2 types de surgénéralisation :
La surgénéralisation verticale : subir un seul échec dans un domaine nous fait définitivement remettre tout le domaine en question.
Exemple : “Elle n’a pas voulu sortir avec moi. De toute façon, j’ai toujours tout raté en amour. Je vais finir seul et malheureux toute ma vie”.
La surgénéralisation horizontale : quand un échec survient dans un domaine, nous le relions avec des échecs dans d’autres domaines.
Exemple : “J’ai perdu mon emploi, c’est normal : je rate tout dans ma vie”.

L’abstraction sélective (filtre)

Ce type de pensée agit comme un filtre qui ne laisse passer que le côté négatif des choses. On se focalise sur alors sur les aspects déplaisants de notre vie, ce qui nous amène à percevoir l’ensemble en négatif.
Exemple : 12 personnes vous font des compliments sur le plat que vous avez cuisiné et une personne vous fait une critique. Vous ne portez attention qu’à la critique et passez des jours à la ressasser.

La disqualification du positif

On rejette les aspects positifs d’une expérience car on les perçoit comme sans importance, factices ou infondés. De ce fait, un moment positif se transforme en moment négatif.
Exemple : On me fait un compliment. J’en déduis que la personne ne le pense pas, qu’au contraire,  je lui fais pitié.
Autre exemple : Je reçois du soutien des gens qui m’aiment. Mais je me dis que ces marques de soutien ne comptent pas car ils ne connaissent pas ma vraie nature”.

L’inférence arbitraire (les conclusions hâtives)

On tire des conclusions hâtives et négatives sur une situation à partir de peu d’évidences. Cette pensée peut être de 2 sortes :
Lecture des pensées d’autrui : on croit connaître les pensées des autres en se fiant à de maigres indices.
Exemple: “Je lui ai laissé un message mais elle ne m’a pas rappelé. Elle n’est pas vraiment mon amie.”
“Mon chef ne m’a pas dit bonjour ce matin, je suis sûr qu’il va me licencier.”

Les erreurs de prévision : on fait des prédictions pessimistes et on y croit.
Exemple : “Je vais rater mon examen.”
“Cette thérapie ne marchera pas, je suis incurable.”

La lorgnette (amplification et minimalisation)

On tend à exagérer un échec ou une erreur, ou au contraire, à minimiser ses réussites. On s’attend au pire alors qu’il est peu ou pas probable. On dramatise une situation alors qu’elle est juste inconfortable.
Exemple d’amplification: “J’ai fait une erreur au travail, tout le monde va le savoir et je serai complètement ridicule aux yeux de tous.”
Exemple de minimalisation : “J’ai résolu une situation, mais c’est simplement un coup de chance”.

Le raisonnement émotionnel

Avec cette pensée, on justifie une situation par nos émotions et nos sentiments; comme s’ils étaient des preuves infaillibles.
Exemple : “Je me sens coupable, donc j’ai du faire quelque chose de mal”.
Autre exemple : “Je me sens désespérée, donc ma situation est sans issue”.

Les fausses obligations

Cette pensée nous amène à avoir envers nous-mêmes des exigences arbitraires et irréalistes (je dois, je devrais…) que l’on étend parfois aux autres. Quand les objectifs ne sont pas atteints, on est envahi de culpabilité.
Exemple : “Je dois absolument faire le ménage chez moi.” Même en cas d’emploi du temps chargé, d’imprévu, si le ménage n’est pas fait, on se sent coupable.
Autre exemple : “Après tout ce que j’ai fait pour lui, il pourrait au moins être reconnaissant.” On est amer,  plein de ressentiment, et on pense que l’on est le seul à se conduire convenablement dans cette relation.

L’étiquetage

La pensée est limitée par une étiquette. On émet un jugement définitif et chargé émotionnellement plutôt que de décrire un comportement spécifique.
Exemple : “Je suis un raté.”  au lieu de dire “J’ai fait une erreur”.

La personnalisation (blâme)

Cette pensée nous pousse à endosser la responsabilité d’une situation qui nous échappe ou croire à tort que le comportement des autres est lié à soi. Ce type de pensée entraîne un sentiment de culpabilité.
Exemple : “Si mon fils ne travaille pas bien à l’école, c’est parce que je suis une mauvaise mère.”
Autre exemple : “Si papa est décédé, c’est ma faute.”

 

Je suis ce que je pense

 

Entamer une thérapie cognitive, c’est aller vers la restructuration de son mode de pensée et s’attaquer à des schémas cognitifs avec votre thérapeute.

Au début de votre thérapie, vous allez commencer par étudier et comprendre vos pensées dysfonctionnelles. Vous serez amené-e à les repérer et à les confronter à la réalité par le biais d’exercices.

Cette étape constitue un pas important. Pour vous aider à le franchir, vous pouvez vous autoévaluer avec les fiches d’autoévaluation de Beck que vous trouverez ici.

Catégorie: Dépendance, Dépression, Les thérapies, Stress | Commentaires (0) | Autor:

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