Enfant-tyran : comment rétablir l’autorité parentale?
Lorsque le glissement d’autorité est en faveur de l’enfant, le parent peut se sentir désemparé et croire que la situation est irréversible.
Tout n’est pas perdu ! Il suffit de modifier les habitudes et comportements afin de reconquérir votre place de parent, d’adulte responsable au sein de la famille.
Cependant, ce processus n’est pas magique, ni instantané. Il nécessite un peu de temps et de fermeté. Vous et votre/vos enfant(s) pourrez tout de même noter une progression positive au fil des semaines.
L’enfant-tyran et la frustration
Comme évoqué dans un précédent article, un enfant heureux est un enfant frustré. Et dans le cas d’un enfant-tyran, tous les membres de la famille souffrent et sont malheureux.
Lorsque les habitudes se sont installées, le parent peut croire qu’affronter son enfant sur le terrain de l’autorité va être insurmontable. Mais cela est possible.
Gardez en tête votre objectif et mettez en oeuvre ces 2 actions et principes afin de regagner votre place et votre autorité :
- Participation : il s’agit de remettre chacun à sa place et instaurer un nouveau rapport d’autorité. Pour cela, vous allez demander à l’enfant d’exécuter des tâches quotidiennes qui vont le replacer à son niveau, au sein de la cellule familiale. Cette action nécessite de faire participer l’enfant à la vie familiale à hauteur de ce que sa présence exige.
Exemple : lui demander de dresser/débarrasser la table, ranger sa chambre, faire son lit tous les matins, faire la vaisselle, aider pour d’autres tâches ménagères de manière équitable. - Sanction : en cas de manquement, l’enfant devra être sanctionné de manière proportionnelle à la gravité de l’acte commis. Bien évidemment, les punitions corporelles, la violence verbale ou physique sont à proscrire car il s’agirait de maltraitance. En revanche, souvenez-vous que pour qu’elle soit efficace, la punition doit être cohérente, proportionnée et ferme.
Exemple : confisquer un jouet ou un jeu, priver l’enfant de télévision, de téléphone portable/tablette/jeu vidéo, d’accès à internet.
Le piège à éviter lors de cette mise en place est de compenser la sanction. Celle-ci deviendra alors inefficace et renforcera le comportement tyrannique de votre enfant tout en sapant votre autorité davantage. Si vous minorez ou proposez une récompense pour adoucir la sanction, vous ôtez toute cohérence à ce nouveau système.
Exemple : votre enfant vous désobéit, vous décidez de le priver de télévision pendant une semaine. Mais dans le même temps, vous lui laissez l’accès à internet (donc il peut regarder la télévision) ou vous lui offrez un somptueux cadeau, un séjour, une place de concert etc. Ce faisant, la sanction de départ s’annule et vous aurez saboté votre autorité.
Un système de sanction plus juste
Un parent d’enfant-tyran est souvent désarçonné et en manque d’inspiration pour trouver la sanction la plus juste, quand ce n’est pas de trouver une sanction tout court.
Vous pouvez classer vos sanctions en fonction de la gravité des manquements par exemple.
La gravité des manquements ou infractions peuvent être de 3 niveaux :
- les interdits eux-mêmes sanctionnés par la loi : infractions, détériorations d’objets publics ou privés, violence verbale ou physique à l’égard de tout le monde (parents y compris!), vol, etc.
- les comportements graves, nuisant au fonctionnement normal de la famille : irrespect des parents, irrespect des consignes, etc.
- les comportements ennuyeux : couper la parole, insister pour obtenir quelque chose, etc.
La sanction négative (punition) doit être utilisée pour punir un comportement déviant.
Afin d’encourager votre enfant à coopérer, vous pouvez également utiliser la sanction positive (récompense) afin de montrer que vous appréciez ses efforts sur les comportements ennuyeux par exemple. Là encore, il s’agit de bien mesurer la sanction positive, qui doit également être cohérente, proportionnée et ferme.
Notez qu’une récompense n’est pas forcément un achat. Passer du temps ensemble, partager une activité (sortie piscine, cinéma, restaurant…), déguster une gourmandise, etc, il suffit que vous puissiez donner à votre enfant quelque chose qu’il n’a pas au quotidien.
Encore une fois, veillez à ne pas annuler une punition par une récompense.
Mieux vaut prévenir que guérir
Rétablir un système de règles où le/les parents détiennent l’autorité et replacer l’enfant à sa place au sein de la famille permet à ce dernier de grandir de manière équilibrée. Son identité vis-à-vis des adultes, dans et au dehors de la cellule familiale et en tant qu’individu lui évitera de devenir un adulte pervers narcissique. Outre la prédisposition génétique à la psychopathie et à l’absence d’empathie, le risque de l’émergence d’une telle personnalité est nettement plus facile à corriger avant l’âge de 10 ans.
Le risque de faire de votre enfant un pervers narcissique apparaît lorsqu’un enfant égocentré n’est pas soumis à la frustration (obéissance aux règles établies par les parents, respect de l’autorité parentale, etc).
A contrario, un enfant qui reçoit une éducation laxiste mais qui ressent de l’empathie (inné) deviendra a fortiori un adulte qui ne pourra pas tolérer les frustrations, qui sera sujet à une dépression chronique ou sera socialement adapté mais intérieurement dépressif.
Il est temps d’agir ! Comme le rappel le psychologue spécialisé Didier Pleux, ayez le courage d’affirmer votre rôle de parent, d’adulte responsable, d’imposer vos règles et votre mode de fonctionnement. Certes difficile au départ lorsque votre enfant a pris les rennes de l’autorité, mais en reconquérant votre place et votre autorité, vous le sauverez, ainsi que ceux qui le côtoient et le côtoieront, d’une crise identitaire toxique et destructrice.