Ces « drôles de zèbres »… (dixit Jeanne Saud-Facchin*)

“… Z comme Zèbre, comme de A jusqu’à Z, comme Zorro qui veut faire justice, toujours et partout, ou encore comme la liaison qui rappelle que ce sont des Z’émotifs, des Z’errants, des Z’insoumis, des Z’ermites, des Z’oubliés…

…Je continuerai donc à préférer le zèbre, cette terminologie que j’ai choisie pour se dégager des représentations pesantes. Le zèbre, cet animal différent, cet équidé qui est le seul que l’homme ne peut pas apprivoiser, qui se distingue nettement des autres dans la savane tout en utilisant ses rayures pour se dissimuler, qui a un besoin des autres pour vivre et prend un soin très important de ses petits, qui est tellement différent tout en étant pareil. Et puis, comme nos empreintes digitales, les rayures des zèbres sont uniques et leur permettent de se reconnaître entre eux. Chaque zèbre est différent. Je continuerai alors à dire et répéter que ces « drôles de zèbres » ont besoin de toute notre attention pour vivre en harmonie dans ce monde exigeant. Je continuerai à défendre tous ces gens « rayés » comme si ces zébrures évoquaient aussi les coups de griffe que la vie peut leur donner. Je continuerai à leur expliquer que leurs rayures sont aussi de formidables particularités qui peuvent les sauver d’un grand nombre de pièges et de dangers. Qu’elles sont magnifiques et qu’ils peuvent en être fiers. Sereinement.  (Jeanne Siaud-Facchin*).

En effet ils peuvent être fiers de ces zébrures, sereinement… mais pour cela faut-il encore savoir qu’on est un zèbre !

Dans mon cabinet j’ai rencontré de nombreux zèbres qui allaient mal…

Depuis leur enfance, ils ont dû utilisé de nombreuses stratégies pour s’adapter à leur environnement… jusqu’au moment où ces stratégies ne fonctionnent plus ; où jusqu’à ce qu’ils aient oublié qui ils étaient…

Depuis toujours il se sentent différents ; tout comme le “vilain petit canard”… sans comprendre pourquoi, et donc sans savoir quoi faire…

Ils ont parfois demander de l’aide à de nombreux professionnels… qui les ont traité comme n’importe quel “équidé”, sans prendre en compte leurs zébrures… et donc sans les comprendre vraiment.

LA REVELATION… face à l’incompréhension…

Tout comme “le vilain petit canard” qui a finalement découvert qu’il était un cygne, pouvoir mettre enfin un mot sur sa différence, à l’âge adulte, est une réelle révélation !

Heureusement il existe certains livres* et certains sites internet ou forum qui permettent de prendre vraiment conscience de ce que cela implique… car malheureusement cette différence est encore méconnue du plus grand nombre… et même des psychologues.

Durant mes formations, j’ai appris beaucoup de choses sur le versant émotionnel (différencier l’émotion “normale” des nombreux troubles) ; et beaucoup de choses sur le versant intellectuel (le normal, les déficiences, et les surdoués)… mais je n’ai eu aucun cours qui reliait les deux…

Il est connu de tous que des déficiences intellectuelles peuvent amener des troubles du comportement ; mais personne ne se demande comment fait un surdoué pour vivre “normalement”…

Penser le “surdoué” en terme de Quotient Intellectuel (QI) est tellement réducteur que cela bloque toute compréhension.

Un “surdoué” se définit en effet par un Quotient Intellectuel supérieur à la norme, ce qui le place dans un petit pourcentage de la population, mais cette vision des choses amène 2 écueils :

  •  On pense alors que le “surdoué” est plus intelligent… ce qui n’est pas forcément vrai selon la définition qu’on donne à ce mot.

“Le surdoué” est en effet plus intelligent si on définit l’intelligence comme l’ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir ces relations entre elles et d’aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle.

Mais “le surdoué” au quotidien n’est pas plus intelligent si on définit l’intelligence comme la capacité d’agir de manière adaptée aux situations.

Penser le “surdoué” comme “plus intelligent” amène souvent de l’hostilité, voire de l’agressivité… et surtout une compréhension très éloignée de la réalité !

“Le surdoué” n’est pas “plus intelligent” mais a un fonctionnement intellectuel différent… ce qui parfois lui donne des facilités quand le problème posé fait partie de son domaine de compétences ; mais peut aussi le mettre en difficulté quand cela ne correspond pas à son fonctionnement.

Le premier écueil est donc de ne pas voir ce fonctionnement différent (rencontré souvent chez les enfants lors de lectures d’énoncés scolaires, par exemple, où ils comprennent un autre message que celui attendu).

  • Le second écueil est de penser que cette différence est juste intellectuelle… alors que les zébrures sont aussi (surtout ?) présentes aux niveaux sensitifs et émotionnels !

Comment vivre normalement quand les sens sont exacerbés ? Quand toutes les émotions sont amplifiées ? Quand on perçoit des choses que les autres ne perçoivent pas ?

Cela s’apprend… mais encore faut-il avoir pris conscience de sa différence…

  1. Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué. Jeanne Siaud-Facchin. Ed. Odile Jacob. 2008.
  2. L’enfant surdoué : L’aider à grandir, l’aider à réussir. Jeanne Siaud-Facchin. Ed. Odile Jacob. 2012.

Auteur:
Date: mercredi, 19. février 2014 21:33
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2 Commentaire

  1. 1

    Cet article est de loin un des meilleurs sur le sujet…

  2. 2

    Merci.

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